LA CITE UNIVERSITAIRE DU BOULEVARD JOURDAN


Edifiée dans un vaste parc arborisé, la Cité Universitaire aux nombreux bâtiments éclectiques inspirés de l'architecture des pays qui y sont représentés est une agréable promenade pour profiter du soleil et des couleurs de l'automne.

Nous sommes en 1919 et les discussions sur l'utilisation des terrains des fortifications de Paris qui doivent être démolies vont bon train. Le Ministre de l'Instruction Publique, André Honorat, tente de saisir l'occasion afin d'obtenir des terrains pour l'Université de Paris. L'idée est approuvée par la Chambre mais aucune loi ne la ratifie.

 
A la même époque, Emile Deutsch de la Meurthei évoque avec Paul Appel, le recteur de l'Université, l'idée de créer une cité-jardin pour loger 300 étudiants. Appel lui suggère de proposer ce projet à André Honorat. Enthousiasmé, celui-ci s'écrie : " Trois cents étudiants ? Mais non ! Une cité pour 3000, oui ! Que pensez-vous d'un terrain sur les anciennes fortifications ? " Le projet de la Cité Universitaire vient de naître.

 
Au-delà du boulevard Jourdan, encore inachevé, s'étire un terrain d'un kilomètre de long sur lequel se trouvent trois bastions. L'Université pénètre dans un maquis de conflits lorsqu'elle prétend acquérir ces trois bastions. Les négociations s'engagent entre la Ville de Paris, propriétaire des terrains, et l'Etat. Il faut l'arbitrage du président de la République pour que l'Etat puisse acquérir les terrains du boulevard Jourdan dont il fait don à l'Université de Paris. Le 9 mai 1923, la première pierre de la Cité Universitaire est posée.

 
Son succès est tel que trois ans après l'inauguration de la première fondation, il faut songer à agrandir le domaine. Le don d'un particulier, David Weill, permet de l'étendre jusqu'à la porte de Gentilly. Les 4 ha supplémentaires pris sur le territoire de cette commune font alors de la Cité U la plus grande emprise sur Paris avec 40 hectares.

 
En 1945, une ordonnance gouvernementale décide son extension en utilisant les terrains du Chaperon Vert. La bataille dure plusieurs années mais Arcueil et Gentilly emportent la victoire et font construire sur ces terrains la cité HLM du Chaperon Vert.

Des architectures surprenantes de modernité.

Les habitations des étudiants sont articulées selon les techniques des cités-jardins britanniques. Malgré une densification des constructions par rapport au projet initial, la Cité Universitaire n'en demeure pas moins très proche de l'organisation des collèges d'Oxford. La fondation Rockefeller, qui finance la maison internationale située à l'entrée, utilise une forme monumentale classique.

 

En revanche, les institutions françaises avec l'aide du mécénat privé et les pavillons étrangers explorent un vocabulaire architectural beaucoup plus ouvert.Des manifestes modernes tels le pavillon suisse de Le Corbusier et Pierre Jeanneret ou le pavillon néerlandais de Wilhelm Marinus Dudok cohabitent avec des pastiches parfois maladroits des styles nationaux.

 
L'ensemble s'organise sur les terrains des anciens bastions, reliés à de vastes 1pelouses, entourées de bouquets d'arbres, sur lesquelles les étudiants s'étendent pour lire ou y organisent des jeux. Prenez le temps d'y flâner, de lever la tête pour découvrir des architectures bon enfant ou surprenantes de modernité. N'hésitez pas à vous installer sur un banc pour jouir de la tranquillité, loin du bruit des boulevards extérieurs tout proches, un livre sur les genoux...

Pour vous y rendre : Prenez le 125 et descendez au RER de Gentilly puis empruntez la passerelle qui conduit dans la cité U...


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Emile Deutsch de la Meurthe est né à Paris en 1847. Il est le fils d’Alexandre Deutsch, un Alsacien qui a quitté sa ville natale pour venir s’installer à Pantin comme modeste commerçant. Remarquable précurseur, c’est lui qui crée l’industrie du pétrole en France. A sa mort, il lègue sa fortune à ses deux fils, dont Emile.

 

 

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« De l’autre côté du Périph, découverte de la Cité Universitaire »

promenade commentée par Isabelle Duchange

a eu lieu Samedi 16 octobre 2010